Faire cela ou abandonner notre monde au vautour …
Et voici que revient la litanie[1] des événements générés par une histoire qui nous raconte notre laxisme, notre incapacité à imposer ce que nous sommes devenus après des centaines et des centaines d’années de vie dans la douleur mais la joie, aussi. Une nation, un peuple se construit lentement et les êtres qui le composent sont comme les cailloux d’un torrent qui se façonnent, s’ajustent, se polissent pour former un pays. La France, par exemple oui, la France mais, aussi, l’Europe l’Afrique dans ses multiples facettes ainsi que toutes les régions qui paysagent le monde. Après la fin du 19ième siècle et cet horrible 20ième siècle qui ont vu les pires exactions que puisse faire l’homme … l’homme dit civilisé … sans oublier cet Homme qui, se croyant le plus élaboré de la création, fut en proie, déjà, à de folies meurtrières, et qui, par ses actes, éradiqua combien d’autochtones. Ces derniers avaient, pourtant, bâti leur culture sur un rapport sain et intense avec la nature.
Oui voilà notre peuple, dont les inventions et des philosophies tracèrent, inspirèrent des voies pour une vision du monde plus harmonique. Un génie humain qui donna lieu à une charte … celle des droits de l’homme, des droits du vivant, des droits de la nature. Force est de constater qu’elles furent le fruit d’hommes et de femmes exceptionnels car les « maîtres » d’aujourd’hui semblent être tombés dans une profonde amnésie, dotés d’une cécité consternante, animés, de surcroit, d’une lâcheté insoupçonnée. Nous voici guidés par des êtres hors-sol, incapables de saisir la « réalité », se noyant dans des « diarrhées » verbales, et ce qui est plus grave, qui ne semblent plus avoir conscience de l’héritage reçu ni de la constance dont il est nécessaire de faire preuve pour que ce patrimoine soit conservé, développé et rendu, encore, plus utile au monde. Par l’incompétence des « Maîtres » de notre temps, de l’argent, des espaces de vie, le peuple souffre et nos « trouvailles » pour la construction d’un monde meilleur ne deviennent qu’un souvenir dont nos dirigeants ne savent qu’évoquer les vertus … comme des perroquets dans d’excellents discours mais de portée opérative nulle car incapables de transformer l’acquis en source de créativité. Le peuple, crie famine !!! Dans tous les sens du terme : Faim alimentaire, faim de liberté de création, faim d’espoir, faim d’amour, faim de santé et de partages entre chacun d’entre nous mais, aussi, entre les communautés d’esprit, de croyances, et enfin d’actions, faim de travail, faim d’équité entre les citoyens … Pour ce peuple, comment faire savoir son malaise : marche blanche, revendications, protestations … chaque fois écoutées mais pas entendues quand l’état régalien n’utilise pas la violence !!! … une violence que certain qualifie de régulière ou légitime, alors qu’aucune violence à cet égard n’est justifiable. La répression aveugle n’est jamais requise dans un pays qui prétend à la démocratie.
Une nouvelle conscience nait, dans ce contexte, dans ce brouhaha où incohérence, incompétence et courte vue règnent … Les « jeunes vieux », déjà, ne pouvant plus penser l’avenir se raccrochent à des paradigmes anciens. Lesquels s’écroulent, se fissurent. Ce qui soudait notre peuple se dilue. Dans le tréfonds de notre âme de nouvelles forces de cohésion germent, naissent, se dessinent, se structurent, enfin, encore hésitantes et fragiles.
Voilà, sans doute, l’occasion pour celles et ceux qui savent distinguer les sources des véritables aspirations et transformations, de saisir l’heure où doivent être repris les trésors de sagesse que nous avons eu en héritage grâce à la pugnacité et le caractère trempés de nos anciens qui construisirent les piliers d’une humanité nouvelle. Cette connaissance, cette « substantifique moelle » nous fut transmise par des êtres dont la dimension exceptionnelle, par leur intelligence (honneur de notre qualité d’Homme) et par leur courage car il en fallait pour faire face et pour affronter des formes de pouvoir dont l’infaillibilité (auto-proclamée) était posée de-facto quand elles n’étaient pas déclarées de droit divin. Il faut construire … oui … sans relâche sans compromission la « truelle » d’une main mais l’« épée » de l’autre. L’épée des « samouraï », pas celle qui est une arme contendante mais celle de la raison, celle de la volonté sans faille. L’attachement à des valeurs quelles qu’elles soient implique et requiert: sacrifice, rigueur, jamais de compromission.
Qu’on le veuille ou non c’est la vie qui dicte sa loi et l’homme, comme tout le vivant y est assujetti. L’Environnement produit son propre écosystème que cela nous plaise ou non. Le cosmos impose ses réglages à toutes formes d’existence. Il produit la diversité matérielle que les univers qui présidèrent à sa naissance lui a doté. Aussi éveillés que nous pourrions être nous sommes asservis à ses paramètres. La nature transcende toute croyance, toute philosophie, toute science puisqu’elles en sont l’objet même de cette Nature … Et nos gesticulations en matière de recherche ne sont qu’une modeste tentative de découvrir, de comprendre et de donner sens …
L’homme s’il veut continuer à être vivant, sur ce rocher émergeant dans une mer cosmique sans cesse en transformation, en constante mutation, n’a plus le choix : la soumission ou sa fin … La soumission est pourtant simple à définir :
- être en résonnance avec la nature et ne pas penser vouloir la dominer, l’utiliser certes, mais, ne pas vouloir la soumettre,
- s’attacher à définir des valeurs universelles et à les appliquer drastiquement
- Ecouter ce que la raison prescrit car elle permet une compréhension commune et permet de mettre à jour une sagesse fondatrice ainsi qu’une fraternité profonde, ADN de notre existence.
Dès lors,
- Aucune religion ne peut prétendre à décrire la réalité du monde même dans ses formes les plus subtiles. Au mieux peuvent-elles approcher de façon asymptotique la nature de certains aspects de celle-ci.
- Aucun mode de gouvernance de l’espace temporel ne peut prétendre à devenir un modèle universel[2]. Les hommes et les femmes que nous sommes devons apprendre et réussir à admettre la diversité, à la promouvoir même afin que la différence nous instruise et nous comble du bonheur de la découverte.
- Aucune prescription ne peut être force de loi applicable à tous. Toute prescription est locale, limitée dans le temps et dans l’espace et doit être adaptée en temps réel par une attention impliquant tous les ressorts de la vie, les plus matériels comme les plus spirituels
Notre planète, comme toutes les autres qui abritent le vivant et des formes multiples de vie, définit des règles locales, des environnements adaptés à ces règles à charge pour le vivant de trouver les subtiles équilibres de survie. L’important est la conservation des espèces, si cela est possibles (y compris la nôtre) ou, pour le moins l’aptitude à s’adapter au contexte en changeant les dites règles. C’est ainsi que les changements climatiques sont des phénomènes naturels auxquels le vivant doit faire face. Le drame surgit quand une espèce pense ne pas y être soumis et s’arroge de droit d’en jouir à sa guise et même de concevoir qu’elle puisse, elle-même, y plaquer sa propre conception des mécanismes d’existence. La main de l’homme et sa pression compulsive accélère les phénomènes et par une systèmie immaitrisable pour elle, elle transmute le Paradis qu’est notre Terre-Mère (il suffit de regarder) en un enfer terrible pour les plus démunis.
Pourtant voici que cette source unique de toute réalité est devenue multiple, chacun d’entre nous en est une facette unique. Chaque élément de ce multiple devrait avoir conscience que cette unité ne s’est pas diluée dans une partie mais qu’au contraire cette unité vit dans chaque élément de sa multiplicité.
Chaque être vivant est porteur de lumière mais sans conscience il porte, en lui sa part d’ombre très souvent funeste …
Ainsi croyance, mode de gouvernance profane doivent instaurer de façon drastique : des valeurs incontournables, des piliers indestructibles sources de forces et de détermination ; enfin, des obligations incontournables ainsi que des répliques sans faille à tout refus de s’y conformer. Un manque de fermeté dans la mise en œuvre de ces valeurs implique une facture lourde pour l’humanité toute entière.
Voici trois points d’encrage que devrait décliner toute société dans son désir de devenir un centre de plénitude humaine :
Le RESPECT quelles que soient nos origines, notre couleur de peau, nos croyances, notre culture, nos désirs, notre excellence, nous ne sommes point égaux, nous sommes tous complémentaires et essentiels pour éclairer la « vérité » qui nous articule. Nous donnons forme, continuité, stabilité à cette force que nous nommons « Vie » et qui donne « contenant et contenu » à tout ce qui a été, est et sera. Ne point imposer fermement le respect est : donner une arme létale aux êtres immatures et incultes. Dès lors il ne faut plus nous plaindre !!! Admettons, en conscience, que nous avons fait « ce cadeau » par notre vue de peu de profondeur … alors, des êtres de peu de foi, en usent …
Prenons garde à ce que nous énonçons : « Liberté !!!, Fraternité !!! » car les mots obligent et le respect de ce qui est énoncé contraint nos actes … sinon naissent le mensonge et la cupidité … du mensonge et la cupidité nait la violence par celles et ceux qui sont trompés
La LIBERTE D’EXPRESSION. Celle-ci, par l’information qu’elle véhicule irrigue notre mental, nos sentiments, nos émotions. Elle nourrit notre corps et notre âme. Cette information se charge de sens et donne prétexte à notre action et qu’on le veuille (ou pas), elle s’impose en justifiant nos actes, dès lors la liberté d’expression est, aussi, une psychanalyse consciente de ce que nous sommes et des situations que l’on génère. Ainsi, la liberté d’expression sous toute ses formes éclaire nos actes, renforce ou infléchit nos déterminations car tout est point de vue, tout est relatif, Chaque « configuration humaine » participe de la réalité profonde qui nous est sensible ou non-sensible. La Liberté d’expression est connaissance car elle est le miroir de tous … elle permet l’expression de tout ce que l’on pourrait juger mais jamais refuser de regarder en face.
L’ERADICATION DE L’IGNORANCE, Savoir n’est pas connaître, mais la connaissance surgit souvent d’un nécessaire savoir. Nulle évolution humaine n’est possible sans cela. Tout est système, tout est sous l’influence d’une dynamique dont il est important qu’elle devienne « conscience » en chacun d’entre nous. Ne point permettre aux êtres de notre Planète d’acquérir cette conscience engage et entretient un espace conflictuel, inharmonique et lâchons le mot infernal. La violence est le prix de l’ignorance et rappelons-nous qu’il ne doit exister aucune violence légitime. Car, il est bon de le souligner encore et encore, toute chose appelle, en retour, une réaction à son image.
Le Respect, la Liberté d’expression, la Lutte contre l’ignorance, voilà pour nous « humains » et pour les « Francs-maçons » de surcroît, les éléments qui doivent baigner nos actions dans la justesse de leur déploiement.
Le Respect inspire la reconnaissance, sans condition, de la différence, mais, l’obligation, aussi, qu’elle sous-tend d’accepter des limites liées à la nécessité de faire que la territorialité de chacun ne puisse pas être violée.
La Liberté d’expression, permet par un écoulement sémantique libre, par une rhétorique souhaitée, par des logiques variées et enrichissantes de construire un monde partageable car canalisé par le respect …
La Lutte contre l’ignorance, c’est ce qui rend possible l’adaptation de l’homme en lien avec le monde qui nous entoure qu’il soit physique, métaphysique ou spirituel.
Ainsi quel que soit le pays, la façon dont il est géré. Quels que soient les groupements humains, leurs origines et leurs croyances. Quels que soient leurs modèles socio-économiques choisis pour la gestion de leur existence temporelle, il est possible, il est urgent, il est indispensable qu’une injonction deviennent évidente pour les dirigeants de ce pays : « Toutes les valeurs présentées ci-dessus sont non négociables ».
Il a été dit « la peur doit changer de camp » ? Voilà, encore et encore des fanfaronnades inutiles car la peur est déjà dans tous les camps, la faute en est de gouvernants successifs inaptes, ineptes, inefficaces, et non inspirés.
Le Respect doit être exigible partout, la liberté d’expression imposée partout et la lutte contre l’ignorance doit devenir une cause nationale. Ces trois fondements sont, pour moi, les bases indispensables à la production d’une humanité, enfin sortie de sa grossièreté pure. Certains écriront sortie de l’animalité. Je me garde de cette image, injuste, car les animaux ne pratiquent pas le carnage que les humains dit « en haut de la pyramide » se chargent de mettre allègrement en œuvre.
C’est dans ce contexte que la mémoire de deux personnages me vient à l’esprit en plus de tous ceux dont la vie leur fût enlevée par des fanatiques robotisés par des égrégores construits par des êtres dont le projet relève d’une aspiration douteuse. L’un et l’autre est archétype de mes propos : Notre frère, le Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame et le Professeur Samuel Paty.
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Frère, Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame 1973 – 24/03/2018 Respect |
Professeur Samuel Paty 1973 – 16/10/2020 Respect |
Le premier représentant la force et le courage de poser des règles et de les faire appliquer rassemblant en un seul geste la plus haute philosophie et la fraternité par le respect d’un Ordre établi clairement dans son esprit (celui de la fidélité, de la générosité et du sacrifice). Le second représentant la nécessaire éducation dont doit faire l’objet tout enfant de notre société pour construire des adultes inspirés et imprégnés des valeurs ci-dessus exposées : le professeur Paty représente la plus haute conscience car elle touche l’être en devenir, l’attention à l’autre et la délicatesse.
Par leurs actes ils représentent le meilleur de nous-même et ils soulignent en contre-point notre inconséquence, notre inconsistance et notre lâcheté au regard de ce que nous aurions dû faire ou imposer à notre société.
Mon propos s’arrêtera là, volontairement, car pour comprendre ce qui s’est passé, il nous faudrait retracer notre histoire depuis la moitié du 19ième siècle, analyser nos comportements vis-à-vis des peuples que nous côtoyons ou que nous avons côtoyé[3], déterminer le sens de notre soi-disant évolution qu’à bas mot nous qualifions de « supérieure », évaluer les ressorts de ce nous considérons comme le point d’orgue de toute civilisation humaine (la mondialisation de tout ce que nous considérons faire partie de nos vies), méditer sur notre rapport à la nature … Malgré les immenses progrès que nous ayons pu faire dans le domaine scientifique, dans les sciences de la nature et en médecine, il sera facile de constater les valeurs foncières qui auraient pu servir notre humanité en toutes ses parties et qui auront été sacrifiées sur l’autel de l’égoïsme et la satisfaction d’un service, exclusif, à soi[4].
Est, dès lors, venu le temps de se réveiller, de poser le sac à dos sur le chemin de l’évolution présumé et de ré-axer notre humanité sur des principes utiles à la vie en commun sur notre Terre d’emprunt, momentanée, au service de son histoire et au service de ceux qui y vivent (Service à autrui).
Faire cela ou abandonner notre monde au vautour
Gérard Baudou-Platon